La Coulée verte
Des fouilles entreprises sur la commune de Saint-Germain-lès-Corbeil ont permis d’affirmer l’existence d’un habitat sur le site de Gravois à partir du premier siècle de notre ère. L’habitat gallo-romain se serait fixé sur le lieu-dit la Butte à Gravois, à la suite de l’abandon de l’habitat gaulois sans doute situé au lieu-dit la Mare de la Viorne, en limite de Tigery. Quatre autres sites gallo-romains ont été révélés sur la partie Est de la commune aux lieux-dits le Bois Labrune, le Bicheriot, la Croix de Villepècle et la Pièce Bien Faite. Ces fouilles ont révélé des objets attestant des activités de production agricole (témoignages du stockage de céréales), viticoles (traces de pressoirs), et d’élevage.
1 – la Mail historique et les prairies fleuries
Le projet reconstitue l’axe historique de l’ancienne entrée Sud du domaine du Cénacle, depuis la route de Lieusaint. Ce double alignement d’arbres se superpose exactement avec les alignements du XVIIIème siècle, et entre en résonance avec l’Allée Royale, toute proche, qui relie la forêt de Sénart et la forêt de Rougeau. Ce mail se compose de deux alignements d’ormes, espacés d’environ 24 mètres, qui sont des essences forestières indigènes du plateau de Brie. Ce mail est doublé à l’intérieur par des lignes de petits arbres variés, qui forment des séquences paysagères et des ambiances spécifiques. On retrouve ainsi des frênes à fleurs, des poiriers, des sorbiers, des merisiers à fleurs, des érables, qui encadrent des prairies fleuries ou des aires de jeux de boules.
Les prairies fleuries qui se succèdent dans le tapis vert de l’axe historique sont thématisées par couleurs ; dominante bleu/blanc, rose/rouge, blanc. Il s’agit de mélanges de fleurs et de graines champêtres, naturelles et sauvages (plus de 150 espèces), visant à faire venir une grande variété d’insectes butineurs, et notamment les abeilles. Ainsi, en plus des qualités esthétiques de ces prairies qui fleurissent sans cesse du printemps jusqu’à la fin de l’automne, elles sont de véritables accélérateurs de biodiversité et offrent des services écosystémiques à tout le territoire, en faisant venir aussi des insectes spécialisés dans la lutte biologique, en redonnant vie aux sols, en offrant gîte et couvert aux oiseaux qui désertent les espaces agricoles.
Vous trouverez dans ces prairies des campanules, des œillets, des primevères, des coquelicots, des renoncules, des sauges, des pâturins, de l’avoine sauvage,…
2 – La Place Verte
Cet espace est aménagé en placette pavée, avec des joints enherbés, faisant la synthèse entre un espace minéral et un espace végétal. Une « place-jardin » en somme… Elle vient marquer, comme un seuil, l’entrée de l’axe historique d’entrée du Cénacle.
On s’assoit sur les banquettes, sous les ombrages des frênes et des ormes, le long des pommiers décoratifs en cépées, dont les petits fruits aideront à nourrir les oiseaux quand les premiers froids d’automne arriveront.
La place est structurée par des massifs plantés de vivaces, comme les achillées, les hémérocalles, les euphorbes, les hellebores et les rosiers. Toute une variété de couleurs et de fleurs s’offre au regard tout au long de l‘année.
3 – Les Vergers
La partie Sud de la Route de Lieusaint, qui prolonge l’axe historique, est un hommage aux cultures anciennes de Tigery ; vergers, pépinières, maraîchage. Des lignes de fruitiers sont ainsi plantées, avec des pommiers et des poiriers formés en « quenouille », c’est à dire taillés de sorte qu’ils restent bas, accessibles à la récolte, et que leur production se trouve accrue.
Le long des ganivelles, ces clôtures basses fabriquées avec des piquets de châtaigniers liés entre eux par des fils de fer, sont plantés des groseilliers, des cassis, des framboisiers, des maquis, des arbousiers, et même des ronces, qui abritent et protègent la petite faune. Les vergers apportent au parc une ambiance champêtre, domestique, et récompensent le promeneur de quelques douceurs.
4 – Les Bassins
Les bassins (ou mares) de rétention occupent la plus grande partie de l’espace du projet. Ce dernier existe grâce à la nécessité de récolter, de traiter, de stocker, d’infiltrer et de rejeter les eaux de pluie des toitures et des voiries des quartiers construits de Tigery (ZAC du Plessis SAucourt), avant de les restituer au milieu naturel. Ainsi, la Mare à Hocquet et les mares haute, médiane et basse se succèdent comme autant de grandes prairies inondables et/ou humides, reliées par un chenal empierré, et se déversant les unes dans les autres à la suite de grandes pluies.
Les berges sont traitées de manière variée ; comme des bords de cours d’eau côté Est - mail historique, avec les fascines de saules, qui sont des entrelacs de bois naturel retenant les terres, comme de longs glacis enherbés côté Est – terres agricoles, qui permettent de s’approprier l’espace pour s’y allonger ou jouer. Les fonds de bassin sont plantés et semés de mélanges de fleurs et d’herbes de sol humide (dites prairies hygrophiles), ce qui crée une ambiance paysagère spécifique et un milieu vivant riche et singulier. Les pentes sont semées d’une prairie de fauche de sol fertile et drainé (dite prairie mésophile). On observe que de grandes quantités d’oiseaux et une microfaune y trouve refuge et nourriture, notamment dans la mare à Hocquet (bergeronnette, batraciens,…). Cette dernière est traversée par un long cheminement réalisé à l’aide de traverses de chemin de fer monoblocs en béton de récupération, issues des chantiers de renouvellement des voies ferrées, ce qui est une première en France, en matière de réutilisation. La réutilisation (au sens du ministère de la transition écologique) est une « opération par laquelle des substances, matières ou produits ; qui sont devenus des déchets, sont utilisés de nouveau ». De surcroît les traverses sont utilisées sans être transformées, ce qui améliore encore le bilan carbone de cette action de développement durable.
5 – La Lisière agricole, micro-forêt
La rive Est du parc, qui donne directement sur les terres agricoles cultivées, est une bande boisée qui cadre les vues sur les champs et la lisière de la forêt de Sénart, et qui protège des vents. Elle vient également aider à la recomposition de la trame verte du territoire, qui a progressivement disparu au XXème siècle au profit de l’agriculture productiviste, et qui se composait de tout le réseau de haies, de mares, de bosquets qui constituait des corridors écologiques (des espaces de continuité entre les forêts, dans lesquels la faune peut se déplacer, nicher et se nourrir).
Cette bande est plantée d’une micro-forêt, composée d’essences sauvages et indigènes du plateau de Brie, que l’on retrouve dans les forêts alentours. Le principe retenu pour la plantation de cette bande est le « préverdissement ». L’idée est de planter une trame serrée (quadrillage de 1 mètre sur 1 mètre) de jeunes plants forestiers de chênes, de charmes, de hêtres, d’ormes, de merisiers, d’érables, de sorbiers et de saules, comme des bosquets denses. Au préalable, les sols pauvres en nutriments et en champignons ont été remis en vie (c’est la bio-dynamisation) par l’incorporation de débris végétaux dans la terre, comme on le voit en forêt. Cette action aide à la reprise et à la croissance des jeunes arbres.
Le fait de planter de petits arbres très serrés engendre entre eux des mécanismes simultanés de compétition et de collaboration. Tout le monde veut sa place au soleil, mais le groupe se protège aussi du vent et de la venue de hautes herbes qui gêneraient la croissance du groupement.
Ainsi s’installe très vite un mini-milieu forestier, qui pousse vite et forme des bosquets qui vont vite accueillir des oiseaux, des insectes, de nouvelles fleurs sur ces franges. Ce qui se produit est une accélération de la fonctionnalité écologique, c’est-à-dire des services naturels que rendent et se rendent entre eux les écosystèmes.
6 – Les Merlons boisés
Il s’agit de la limite Sud de tout le projet, qui sépare la partie « activité économique » de la partie logements. Les terres récupérées par le creusement des bassins sont déposées pour former ce long talus haut de 4 mètres environ. Puis le talus est planté densément, de lignes d’arbres de haut jet choisis dans les mêmes palettes végétales que les forêts alentours (chênes, merisiers, bouleaux, ormes, érables, frênes,…).
Sous les arbres sont plantées de grandes masses d’arbustes qui sont présents naturellement dans les haies naturelles ou les lisières (noisetiers, sureaux, prunelliers, églantiers, cornouillers,..), et quelques essences horticoles (seringats, troënes, osmanthes, millepertuis,…).
Tout cet ensemble linéaire forme également un milieu en pleine évolution, qui a déjà commencé à accueillir des oiseaux, des insectes, d’autres plantes sauvages, pour réactiver l’indispensable biodiversité de ce plateau agricole traversé par de grandes infrastructures routières.
7 – La Plaine de jeux et de sports
Dans l’angle Nord-Est du parc sont aménagés des espaces de sports, avec une aire de skatepark, un long ruban de béton ludique, qui boucle avec le mail historique à l’Ouest, que l’on nomme « pumptrack », à destination des cycles, des trottinettes, et des rollers. Un terrain multisport est également installé le long de la lisière agricole, avec, au Sud, une esplanade équipée d’une table de teqball, et au Nord une aire de fitness. D’autre part, des espaces plus informels sont aménagés dans les pentes des bassins ou sur une micro-butte, avec des dispositions de troncs de platanes venant de la commune et posés en « Mikados » ou en groupes serrés, ce qui crée des espaces d’évolution et des lieux d’aventure pour les plus petits, sous la surveillance des parents, et enfin des espaces de convivialité pour tous, traités de manière naturelle.